Aujourd’hui
je suis heureuse. Mes petits loups de trois ans et surtout moins
savent dire sous, sur, dehors et dedans. Ils coupent des pommes
(rouges les pommes, avec des pépins, de la peau et de la chair les
pommes). Ils ont les yeux qui brillent, ils travaillent en silence,
ne prennent plus doudou. Ils savent situer les toilettes, ils disent
marci maicresse avec un sourire. Ils demandent de l’aide, n’hésite
pas à faire un calin énorme au copain quand tout à coup la colère
les a submergés et qu’un coup de pied est parti. Parce que c’est
dur de communiquer et qu’on fait un peu comme on peut, parce que
c’est difficile de partager l’attention de maitresse, parce que
c’est pas facile de grandir.
Ils
savent mettre leur manteau, ranger leurs chaussons dans le petit sac
au porte-manteau, se repérer dans la matinée et placer leur
étiquette présence au tableau. Ils font le petit train, chante
joyeusement nos chansons et écoutent patiemment l’histoire.
Il y
a quelques semaines ils ne me connaissaient pas, ils ne savaient même
pas ce qu’était l’école alors qu’on leur en parlait tous les
jours.
J’espère
en faire des élèves heureux, bâtir des bases douces mais solides,
sur lesquelles ils pourront s’appuyer quand l’école ce sera trop
dur, quand ils n’auront pas envie d’y aller, quand s’élever
paraîtra gravir un sommet inatteignable.
C’est
pour des journées comme aujourd’hui que je suis maîtresse, quand
la porte fermée et les bisous d’au revoir terminés, je saute au
plafond et que je retourne à l’âge de mes enfants. Parce que oui,
tous ces petits bouts sont un peu mes enfants à moi aussi.
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